Elle demande une motivation et un dévouement total. Les professionnels sont des hommes de terrain, ils ont des connaissances techniques spécifiques, et, surtout, ils connaissent leur sujet sur le bout des doigts. Je trouve la pratique passionnante, même si mon métier se concentre sur d’autres disciplines comme la photographie de mariage ou de paysage, et le reportage. Je préfère d’ailleurs vous prévenir : même en tant qu’amateur, vous devez vous préparer à y passer de très nombreux week-ends. Dans cet article, je vais partager avec vous quelques conseils pratiques qui me viennent de mon expérience professionnelle ou de collègues spécialistes. Ce qu’il faut savoir avant de débuter, comment appréhender la pratique, quel matériel prévoir, et comment préparer ses sorties et ses compositions : voici mon petit guide de la photographie animalière.
Les 5 choses à savoir avant de se lancer
Comme c’est une pratique chronophage qui demande des connaissances et un mental particulier, je vais commencer par voir avec vous quelques points. Ils vous aideront à mieux comprendre la discipline, et à mieux l’appréhender. Comment faire de la photo animalière ? Voici les 5 trucs à connaître pour bien débuter.
1 – Il faut être patient et avoir du temps
Vous allez devoir apprendre à connaître votre sujet et son environnement. Il vous faudra aussi repérer le terrain et les endroits où vous cacher, et vous devrez rester à l’affût parfois de nombreuses heures. Enfin, la prise de vue parfaite nécessite beaucoup de patience et de maîtrise de soi, afin de tirer le meilleur de ces heures d’attente. Il vous faudra faire très attention à la lumière, à l’arrière-plan, et à la mise au point pour créer une belle composition. Tout cela sans faire de bruit, et sans bouger, pour ne pas faire fuir l’animal que vous attendez peut-être depuis l’aurore !
2 – Mieux vaut prévoir plusieurs objectifs
Vous devez vous tenir prêt à toutes les situations, donc autant avoir sur vous le matériel suffisant pour ne pas vous trouver en défaut. Si vous partez pour des sorties avec beaucoup de marche, pensez au poids de l’ensemble, et faites des choix judicieux. Et si vous ne savez pas quel objectif choisir pour la photo animalière, j’aborde le sujet un peu plus loin.
3 – Il faut être passionné
Vous devez l’être par votre sujet et par la discipline, c’est primordial, et c’est pour cela que je vous conseille de patienter quelques mois avant d’acheter un meilleur matériel. Passer des heures à attendre, se lever en pleine nuit, prendre ses photos allongé sur le sol, accepter de ne pas faire de clichés valables lors de certaines sorties… Vous ne tiendrez pas longtemps à ce rythme si vous n’êtes pas complètement amoureux de ce que vous faites.
4 – Le format RAW doit être privilégié
Il vous arrivera de faire le cliché parfait, mais d’avoir un petit problème d’exposition ou de cadrage. Ça serait vraiment dommage de ne pas pouvoir corriger un défaut si léger en post-traitement ! C’est un format toutefois fatiguant pour certains ordinateurs, je vous conseille donc, si votre boîtier le permet, d’enregistrer vos photos en JPEG et en RAW. Ainsi, vous pourrez importer une première fois vos clichés, les trier tranquillement, puis ne réimporter au format gourmand que ceux que vous voulez post-traiter.
5 – Le respect du sujet et de son environnement est indispensable
Les professionnels de la nature et les photographes animaliers doivent malheureusement le rappeler régulièrement. Trop de gens laissent traîner leurs déchets, détruisent le terrain pour s’installer plus confortablement, et dérangent les animaux. Certains vont même jusqu’à les attraper et les déplacer pour faire leurs clichés plus facilement, ou créer des images qu’ils jugent plus esthétiques. Si vous photographiez votre sujet, c’est parce que vous l’admirez, alors respectez-le ainsi que son habitat. Ne le dérangez pas, et informez-vous avant de l’approcher.
Bien connaître son sujet
Pour ce faire, il y a deux manières : se documenter et observer, ou faire appel à un connaisseur. Peut-être avez-vous dans votre entourage un photographe de la nature, un amoureux des oiseaux, ou un chasseur qui connaît bien sa forêt et sa faune ? Ils seront probablement ravis de vous initier. Sinon n’hésitez pas à louer les services d’un guide, vous apprendrez énormément de choses, et vous serez assuré de découvrir votre sujet dans les meilleures conditions possibles. Pour faire de belles images, sur le vif et naturelles, avec une composition parfaite, il faut bien connaître son sujet. C’est-à-dire :
- prendre le temps d’étudier son comportement ;
- apprendre les heures de grande activité, ou de sortie ;
- savoir où il vit, où il se déplace, et où il se nourrit ;
- connaître les périodes de reproduction, et celles où il faut être particulièrement prudent ou simplement ne pas les déranger (quand les petits sont très jeunes, par exemple).
Je vous conseille de prendre des notes et d’indiquer ce que vous avez appris et observer. Garder en mémoire les lieux où vous avez vu les animaux qui vous intéressent en les plaçant sur une carte papier, ou en vous aidant d’une application.
Pour débuter, je vous invite à vous concentrer sur un animal ou une espèce, en commençant près de chez vous. Parcourez la forêt de votre région, et partez à la découverte de sa faune la moins sauvage. Promenez-vous simplement dans le parc local à la recherche des canards. Découvrez comment photographier les oiseaux de votre jardin ou les écureuils qui visitent leur mangeoire. Vous pourrez ainsi vous entraîner à capturer des animaux en mouvement. Vous comprendrez comment les observer sans les faire fuir, vous apprendrez à les appâter, et vous vous amuserez à prendre des clichés de vos sujets dans différentes postures et avec différents arrières-plans. C’est un exercice difficile, le pratiquer régulièrement est la clé. Quand vous serez prêt, vous pourrez mettre à profit vos nouvelles connaissances dans l’observation des animaux dans leur habitat naturel. En faisant toujours attention à respecter leur tranquillité.
Je pense qu’observer et photographier les oiseaux est une discipline à part entière, au même titre que les fauves, par exemple. Elle pourrait peut-être particulièrement vous intéresser. En effet, elle permet de débuter plus tranquillement, car certaines espèces sont moins farouches et plus faciles à trouver. En plus, elle offre une grande liberté de créativité, car on observe des oiseaux partout (ville, champ, forêt, rivières, etc.), et on peut les capturer en vol, au sol ou en hauteur. Si vous êtes intéressé vous trouverez facilement des ressources très bien documentées, que ce soit des livres d’ornithologie, ou des blogs de spécialistes. N’hésitez pas également à vous renseigner dans votre localité ou sur un forum pour trouver un amateur passionné qui vous servira de guide dans votre apprentissage. Cela rendra l’expérience encore plus enrichissante.
Indispensables en photographie animalière : les longues focales
On utilise des longues focales lorsque le sujet est éloigné, afin de donner une idée de proximité. C’est typiquement le cas qui nous intéresse. En effet, photographier les animaux sauvages requiert quelques astuces, car ils se laissent rarement approcher.
Qu’est-ce que la focale ? C’est la distance entre le capteur (ou la pellicule) et un point précis de l’objectif. L’unité de mesure utilisée est le millimètre. Typiquement, on conseille :
- une courte focale, de 20 à 40 mm, pour la photographie de paysage ;
- une moyenne, 50 mm, pour le portrait ;
- une longue, voire très longue, pour les objets éloignés, soit de 200 à 500 mm.
Vous souhaitez acheter du matériel pour débuter en photographie animalière ? Je vous conseille avant tout achat de faire quelques tests dans un parc ou en forêt pour voir si la discipline vous plaît, car vous ne devriez pas investir sur un coup de tête. Si vous êtes décidés, prenez le temps de bien vous renseigner, et voici 2 pistes pour vous aider.
1 – Tenez compte du capteur
La taille du capteur modifie la longueur de la focale. En effet, quand nous utilisions des pellicules, c’était elles qui capturaient l’image et elles avaient toutes la même taille, soit 24 × 36 mm. Aujourd’hui, il existe 3 tailles de capteurs standards, ce qui explique que la longueur réelle de la focale diffère parfois d’un appareil à l’autre. Ainsi, une longueur de 200 mm fera, en réalité, 300 mm sur un boîtier équipé d’un APS-C, car il ne fait pas la même taille que les anciennes pellicules. C’est important de le préciser, car cela peut vous intéresser dans l’achat de vos objectifs et de votre boîtier. Voici donc rapidement les différents capteurs des appareils pouvant vous intéresser :
- 24 × 36 mm. On les trouve dans la plupart des reflex pro et semi-pro ;
- APS-C, soit 15 × 22 mm. Dans certains reflex et hybrides ;
- les 4/3, soit 13,5 × 18 mm. Dans les hybrides des marques Olympus et Panasonic.
2 – Envisagez l’achat d’un objectif fixe
Vous verrez que c’est assez souvent conseillé, et pour cause, cela offre une meilleure qualité d’image, et ça encourage à la créativité. En effet, vous n’aurez plus le zoom pour modifier le cadrage, vous devrez vous déplacer, et ça vous motivera pour changer vos compositions. Attention, les grande focales fixes sont chères, et vous n’en trouverez pas à moins de 1 000 euros. Renseignez-vous bien lors de votre achat, et prenez en compte tous les paramètres, même le poids. L’investissement est terriblement rentable, mais il faut vraiment être sûr de s’en servir, je vous conseille donc de ne l’envisager qu’après quelques mois, voire plus, de pratique.
L’importance de la lumière
Elle joue un rôle très important dans la conception de photographies animalières, car elle va vous aider à créer des ambiances et à mettre en valeur vos sujets. Prévoyez vos sorties à différentes heures de la journée afin de découvrir toutes les nuances lumineuses que vous pouvez capturer. Avant de partir, renseignez-vous sur les heures dorées, ce sont les plus attendues, et vous comprendrez vite pourquoi. Voici 3 idées très simples, mais qui fonctionnent à chaque fois, pour créer de belles compositions : le matin, une dizaine de minutes après le lever du jour, vous pourrez photographier des animaux baignés dans une magnifique lumière chaude. Au moment du coucher du soleil, vous pourrez vous essayer au contre-jour pour créer une toute autre atmosphère. Je l’ai déjà dit dans mon article sur la photo de paysage, mais il y a un moment magique après une forte pluie, quand la poussière a été chassée de l’air et que le soleil réapparaît. La lumière est alors franche, et elle doit être exploitée.
Lorsqu’on joue avec l’éclairage naturel, on peut parfois avoir des problèmes d’exposition. L’appareil est perdu, ou croit bien faire, et vous vous retrouvez avec une image mal exposée. C’est par exemple le cas avec le contre-jour, car les zones sombres et les zones lumineuses sont beaucoup trop contrastées. Dans ce cas, il faut être un peu plus technique, et mesurer l’exposition soi-même. C’est assez pointu, mais ça se révèle indispensable dans certaines situations. Si cela vous intéresse, rendez-vous dans les réglages de votre boîtier et choisissez le mode de mesure « spot » (selon la marque, le nom peut changer.). Ce mode vous permet de désigner un point dans l’image qui servira de référence, et sera gardé en mémoire. Prenons l’exemple de la photo d’un chevreuil devant un soleil couchant. Placez le point dans le ciel illuminé, et mémorisez l’exposition. Cadrez votre image comme vous le souhaitez, et prenez votre cliché. Vous aurez une photo parfaitement exposée. Je vous conseille de faire quelques tests au calme dans votre jardin ou près de chez vous. Vous pourrez vous faire à la manipulation, comprendre comment ça fonctionne, et être prêt pour le jour où vous en aurez besoin.
La mise au point
Tous les photographes professionnels vous le diront : il faut faire la mise au point sur les yeux du sujet ! C’est d’ailleurs un truc que j’utilise beaucoup dans la photographie de portrait. Le but de votre photo est de happer le spectateur. Vous voulez qu’il s’immerge dans l’image. Les yeux de l’animal doivent donc être le point de focalisation de votre composition. Cela va vous obliger à ne pas utiliser le mode automatique de votre appareil, car vous devez absolument faire la mise au point vous-même. Vous êtes à l’aise avec la technique ? Déterminez manuellement les collimateurs autofocus.
Arrière-plan et profondeur de champ
Vous allez me dire que finalement tout est important en photographie animalière, car voici un autre point primordial pour une image réussie. Le fond de votre photo va mettre en valeur votre sujet… ou ruiner la composition si vous le choisissez mal. Voici donc 4 astuces pour éviter les erreurs :
- Mettez-vous à la même hauteur que l’animal. Dans cette discipline, on se salit ! Baissez-vous, couchez-vous, faites tout pour le mettre en valeur ;
- Éliminez toute distraction visuelle. Pas de branchages, pas de feuillages, votre sujet doit être l’élément principal de l’image sans nul doute possible ;
- Prenez le temps de bien cadrer votre image. Déplacez-vous, zoomez, vérifiez le résultat sur votre écran, et recommencez. En cas de raté, il n’y a rien de plus simple qu’un recadrage soigné en post-traitement ;
- Séparez bien le sujet de l’arrière-plan. C’est aussi pour cela que se mettre à hauteur d’animal est important, ça va vous y aider.
Une faible profondeur de champ est un moyen très esthétique de créer un arrière-plan uni qui met en valeur son sujet. Pour l’obtenir, il suffit de jouer avec l’ouverture et la focale. Les grandes focales et les grandes ouvertures permettent d’obtenir ce joli flou. Si vous avez quelques difficultés à comprendre les concepts d’ouverture et de vitesse en photographie, je vous conseille de lire mon article sur la photo de nuit, j’y reprends les bases.
Avec ou sans trépied ?
Et pourquoi pas les deux ? Je pense que c’est un outil indispensable pour le photographe. Dans la discipline qui nous intéresse, il va se révéler nécessaire dans certains cas, et totalement inutile dans d’autres. Comme il peut vite encombrer, prévoyez bien vos expéditions, cela vous permettra de savoir si vous en aurez besoin. Si vous souhaitez rester à l’affût plusieurs heures dans un endroit spécifique, poser votre matériel sur un trépied sera très utile. D’autant plus que vous aurez sûrement des très grandes focales, voire des téléobjectifs, qui sont lourds et nécessiteront un réel soutien. Par contre, si vous comptez beaucoup marcher, photographier des oiseaux ou passer d’un lieu à un autre, je vous déconseille de vous encombrer d’un trépied. Vous l’avez compris, ça dépend vraiment de l’objet de votre sortie. Une raison de plus de bien la planifier.
Nous voici à la fin de ce petit guide de la photographie animalière. J’espère qu’il vous permettra de comprendre l’importance de certains points, et combien c’est une activité passionnante, mais chronophage. Elle nécessite de la patience, de la technique, et de parfaitement connaître son sujet et son environnement. Mais avec de la motivation et de la pratique, vous comprendrez rapidement comment prendre de belles photos d’animaux. Alors, qu’en dites-vous, prêt à vous lancer ? Si c’est le cas, dites-moi en commentaire l’animal ou l’espèce que vous avez envie de mettre à l’honneur dans vos clichés, et partagez vos plus beaux ! Et bien sûr, si vous avez besoin de mes services, je suis à votre disposition.