C’est une discipline à part entière qui demande de la technique et de la pratique pour être maîtrisée. Cependant, avec de la motivation, et en suivant quelques conseils, un photographe amateur peut créer des clichés esthétiques et originaux. Le soir, le monde change. En ville, l’éclairage artificiel est roi, et les couleurs flamboient. Dans la campagne ou dans la forêt, c’est l’obscurité qui règne ; les étoiles constellent le ciel, et la lune se reflète dans l’eau. Je suis photographe professionnel, et j’adore explorer les diverses facettes de mon métier. Je prends donc grand plaisir à sortir la nuit tombée à la recherche d’une ambiance ou d’une scène que je voudrais immortaliser. C’est un moment précieux, car il offre de nombreuses possibilités : vous pouvez photographier avec ou sans trépied, arpenter les rues et vous lancer dans la « street photography » nocturne, ou partir loin des zones urbaines et communier avec l’obscurité pour en capter l’essence. 

Laissez libre cours à votre sensibilité, et capturez la beauté de ce que vous voyez ! Photographier de nuit est un merveilleux exercice pour tenter de retranscrire une ambiance avec une image. Si vous souhaitez connaître les bases de cette pratique, poursuivez votre lecture ! Je vous propose un inventaire du matériel adapté, je passe en revue tous les réglages de la photo de nuit, et je revois chaque point technique pour que même les grands débutants puissent se sentir à l’aise, et se lancer. Vous en voulez plus ? Je vous donne quelques pistes pour faire des clichés particulièrement artistiques, et quelques astuces très simples de professionnel pour bien préparer vos prochaines sorties. 

Photographier de nuit sans trépied

C’est faisable, mais vous serez forcément limité dans votre créativité. Le temps de pose est très important en photographie de nuit, et ne pas pouvoir jouer avec autant que possible vous empêchera de réaliser certaines images. Vous pouvez cependant tenter l’exercice avec un appareil de bonne qualité, et à condition de le régler correctement. Faites bien attention à votre équilibre pour rester immobile, et aidez-vous de l’architecture qui vous entoure. Je vous conseille d’opter pour des objectifs très lumineux et stabilisés. Il n’y pas de bons réglages pour la photo de nuit sans trépied : vous devrez jongler entre l’ouverture et la vitesse, mais aussi utiliser à votre avantage la sensibilité ISO. Ce sera probablement un paramètre important pour ajuster l’exposition et la luminosité de vos clichés. Les boîtiers récents permettent de l’augmenter considérablement et, après quelques essais, vous pourrez obtenir des résultats sans bruit*. 

Si vous choisissez la priorité à l’ouverture (mode A.), pensez à corriger l’exposition, et n’hésitez pas à sous-exposer pour compenser la correction automatique de nombreux appareils en cas de faible luminosité. Si vous préférez la priorité à la vitesse (mode S.), choisissez la plus petite possible, en faisant plusieurs essais pour vous assurer de l’absence de flou. Là encore, jouer avec l’exposition est intéressant.

Le matériel pour photographier de nuit

Je n’ai pas d’objectifs ou de boîtiers à vous conseiller, car l’important, ce sont les capacités du matériel : ouverture suffisante, stabilité, etc. Voici donc une liste de ce que je vous conseille d’avoir pour vous garantir des séances nocturnes agréables et gratifiantes :

  • quel objectif pour la photo de nuit ? Un objectif lumineux, c’est-à-dire avec une ouverture du diaphragme maximale importante (f/1.8 me semble évidemment idéale.) ;
  • adepte de la photo à main levée ? Vous pourrez profiter des avantages d’un objectif stabilisé ;
  • un trépied. C’est un indispensable selon moi ;
  • une télécommande pour le déclencheur. Même les petites vibrations dues à la pression sur un bouton peuvent être fatales à un cliché en très longue pose. À défaut, pensez au retardateur ;
  • si vous voulez faire des photos au flash, procurez-vous un flash indépendant ;
  • une batterie supplémentaire chargée. En effet, les longues poses consomment énormément d’énergie.

Il existe désormais des bridges et des compacts performants qui vous permettront de faire des jolies photos. Je reste toutefois attaché aux appareils reflex ou hybrides, car ils augmentent les possibilités, et ont des capacités accrues. Les boîtiers et les objectifs récents sont légers, et ils ne vous encombreront pas lors de vos déplacements. L’investissement étant conséquent, n’hésitez pas à commencer avec le matériel que vous possédez : vous pourrez quand même vous initier à la pratique, voir si cela vous plaît, repérer vos endroits préférés, et améliorer vos qualités de photographe. Vos outils évolueront avec vos progrès.

Les réglages pour des photographies réussies

Je vais développer les quelques paramètres à connaître pour bien débuter. Si vous en tenez compte, vous aurez de bonnes bases pour vos premières sorties, et vous pourrez faire de nombreux essais prometteurs pour vous mettre en confiance, et tester des nouvelles techniques et des nouveaux sujets. Logiquement, le problème majeur de la photo de nuit est le manque de lumière. Votre travail de photographe sera donc de pallier ce problème en jouant avec l’ouverture du diaphragme, la vitesse d’obturation puis, si besoin, la sensibilité ISO, l’exposition et la balance des blancs. Concernant les deux premiers paramètres, vous pouvez d’ailleurs décider de laisser votre appareil choisir l’un ou l’autre, et vous concentrer sur celui que vous préférez.

L’ouverture

Je vous rappelle que le but est de compenser le grand manque de lumière ambiante. Régler l’ouverture va vous aider à en faire entrer le maximum dans votre appareil. C’est pour cela qu’avoir des objectifs avec une grande ouverture maximale est important en photographie de nuit. Pour les plus novices d’entre vous, voici un petit rappel sur l’ouverture du diaphragme en photographie.
Tout d’abord, elle est indiquée par un f/x sur vos objectifs et sur les réglages de votre boîtier. Ses valeurs s’étendent de f/1.8 à f/22, et la quantité de lumière autorisée par le diaphragme est augmentée par deux entre chacune d’entre elles. Attention, f/1.8 est la plus grande ouverture possible, alors que f/22 est la plus petite ! Le principe est donc de faire entrer plus ou moins de lumière dans l’appareil selon les besoins, en gardant en tête que moins l’appareil en capte, plus il faudra compenser avec une vitesse lente, et vice-versa. Dans le cas qui nous occupe, la plus grande ouverture possible est donc privilégiée, mais compte tenu des conditions nocturnes, il vous faudra également réduire grandement la vitesse de prise de vue. 

Si vous choisissez la priorité à l’ouverture (mode A.), votre appareil se chargera de décider de la vitesse la plus adaptée à votre choix.

La vitesse d’obturation

Une prise de vue rapide évite les images floues, à condition que l’appareil puisse capter le maximum de lumière. Alors qu’avec une vitesse très lente, on a le temps de capter toute la luminosité ambiante, mais il faut prendre des précautions pour s’assurer d’une image nette. Dans le cas de la photographie de nuit, on privilégie les longs temps de pose, et on utilise idéalement un trépied afin d’éviter tout risque de flouter les photos, car le moindre mouvement, même le fait d’appuyer sur le bouton déclencheur, est ressenti par l’appareil.
Concrètement, qu’est-ce que la vitesse d’obturation ? Voici une explication rapide : l’obturateur est un mécanisme qui laisse passer la lumière dans le boîtier. En réglant la vitesse, on décide du temps durant lequel il reste ouvert. Pour faire simple, ce paramètre aide le photographe pour deux choses : tout d’abord, l’exposition, puis la possibilité de figer un mouvement sur l’image, ou au contraire, de le capturer. Ainsi, une longue pose est idéale pour saisir le mouvement de l’eau. Vous pouvez utiliser ce principe en photographie de nuit, en capturant le calme des vaguelettes d’un lac sous un beau ciel étoilé, par exemple. On exprime la vitesse d’obturation en fraction de seconde avec l’indication 1/x. Ainsi, une vitesse de 1/250 signifie une ouverture pendant 1/250 seconde. Vous pouvez décider d’accorder la priorité à ce réglage (mode S.), et de laisser votre appareil se charger de l’ouverture.

Ouverture et vitesse sont donc étroitement liées : la première décide de la quantité de lumière qui passe, et la seconde, du temps qu’elle pourra passer.

La sensibilité ISO

C’est un excellent moyen de régler l’exposition, car quand on l’augmente, on sensibilise le capteur à la lumière. La règle de base est donc que plus votre scène est lumineuse, plus vous devez baisser les ISO, et inversement. C’est donc un paramètre utile à travailler quand on fait de la photo de nuit sans trépied. Par contre, il faut le faire avec prudence, car comme je l’ai expliqué, ça créé rapidement du bruit sur les clichés. Vérifiez que votre appareil vous y autorise et poussez-la jusqu’à 800 voire 1600 (certains boîtiers vont même bien plus haut.). Gardez toutefois en tête qu’avec cette technique vous devrez sûrement post-traiter vos photos.
Jouer avec la sensibilité ISO peut également être un bon moyen de renforcer certaines nuances et couleurs, vous pouvez donc vous amuser à prendre différents clichés, et les comparer. Si vous avez le matériel pour faire des longs temps de pose, je vous conseille de la garder à 100 ou en automatique, sauf si vous avez envie d’expérimenter. Le but est en effet de la conserver la plus faible possible, et de jouer sur l’ouverture du diaphragme et la vitesse.

Toujours dans l’idée d’informer les plus novices d’entre vous, voici les réglages qui sont généralement conseillés :

  • 100 – 200 ISO, soit une faible sensibilité, pour les scènes lumineuses (extérieur, soleil, flash…) ;
  • 400 ISO pour les scènes nuageuses et intérieures ;
  • 800 ISO pour les scènes à l’intérieur avec une faible luminosité ;
  • > 800 ISO pour les photos de nuit, les intérieurs sombres, etc.

Dans la plupart des cas, et surtout quand vous débutez, fiez-vous à votre appareil, et laissez-le gérer ce paramètre en automatique. Si vous constatez des problèmes d’exposition, et que vous ne parvenez pas à les régler avec l’ouverture et la vitesse, essayez alors de modifier la sensibilité ISO.

La balance des blancs

La régler peut améliorer la qualité de certains clichés. Le principe est simple : vous allez agir sur les couleurs de l’image en modifiant la température. Le but de base étant de faire apparaître les zones blanches… réellement blanches. En effet, si vous voyez un élément blanc, votre appareil peut y capter des nuances en fonction de la température de la lumière qui est captée par le boîtier. Le blanc sera alors teinté de rouge, de bleu ou de vert. Vous ne le verrez pas forcément à l’œil nu, mais votre image sortira nuancée, et pas parfaitement blanche. Je vous passerai les détails techniques, voici la base à retenir : plus vous baissez la température (qui s’exprime en Kelvins), plus la lumière est froide, et plus elle devient bleue. Par contre, plus vous l’augmentez, plus la lumière est chaude, et plus elle devient rouge. Avec toutes les nuances qu’on connaît entre ces deux couleurs.
Vous souhaitez voir comment ça marche ? Vous pouvez vous amuser à la modifier depuis votre boîtier. Les logiciels des appareils prévoient en général des réglages préenregistrés avec des noms qui donnent une idée des conditions de prise (flash, nuageux, incandescent, etc.), mais vous pouvez tout à fait utiliser le mode entièrement manuel, et choisir la température que vous voulez.

 Si vous aimez post-traiter vos photos, ou que vous avez envie de vous y mettre, travailler la balance des blancs est un exercice intéressant et très pratiqué, lancez-vous !

Quelques idées de photos de nuit

Vous en avez marre d’admirer le travail des autres, et vous souhaitez vous lancer dans la photographie de nuit ? Voici quelques idées qui fonctionnent toujours à merveille, si comme moi, vous aimez vous promener la nuit tombée à la recherche du plus beau cliché.

La photo de ciel étoilé

photographie d'un ciel étoilé au-dessus d'une montagne

Un grand classique, qui est toutefois difficile à maîtriser. Il vous faudra de la patience, de nombreux essais, et un certain nombre d’heures passées en post-traitement pour espérer sortir un cliché qui vous rende fier. Si le sujet vous intéresse, et que les techniques pointues ne vous font pas peur, je vous conseille de vous lancer dans la lecture d’ouvrages dédiés à l’astrophotographie. Ce sont des sources d’informations précieuses, mais il faut pouvoir s’y plonger. 

Comment faire des photos du ciel la nuit ? Si vous souhaitez tenter l’expérience en dilettante studieux, mes conseils sont les suivants : 

  • trouvez le bon endroit. Éloignez-vous de la ville et de ses lumières artificielles, et cherchez un ciel dégagé ou un joli paysage pour des images puissantes et uniques (arbres, étendues d’eau, rochers, etc.) ;
  • préparez-vous à faire de nombreux réglages, et à enchaîner les essais ; 
  • Une très longue pose (de plusieurs minutes, le mode manuel est donc obligatoire.) vous permettra de saisir le mouvement des étoiles. Capturez ces magnifiques traînées prend du temps, vous y passerez des soirées, mais le résultat est terriblement satisfaisant ; 
  • un temps de pose plus réduit (20 secondes max.) couplé à une grande ouverture vous permettront de faire de très belles photographies d’un ciel constellé de points lumineux ;
  • photographier le ciel est délicat, et les étoiles n’émettent qu’une faible lumière. Intéressez-vous à la sensibilité ISO, augmentez-la progressivement, et comparez les résultats ;
  • faites votre mise au point manuellement pour que les étoiles apparaissent nettement.

Ces conseils valent également si vous souhaitez prendre des photos de la lune. C’est un sujet vu et revu, pourtant, je ne m’en lasse pas, et je suis sûr que, vous aussi, vous serez enchanté d’en faire votre propre interprétation.

La photo de ville la nuit | Street photo de nuit

C’est une source d’inspiration sans limite ! Vous allez devoir changer votre façon de voir les choses et découvrir tout ce que peut vous offrir un paysage urbain nocturne. Côté technique, vous devrez faire attention aux zones trop sombres, et veiller à bien équilibrer les ombres et les lumières. Vous pourrez donner libre cours à votre sens artistique, et mettre en valeur des couleurs, des néons, des ruelles obscures, etc.

Vous aimez prendre des clichés de sujets en mouvement ? Vous allez vous régaler : une personne au milieu de la foule qui bouge, les phares des voitures… autant d’occasions de faire de très jolies photographies. Pour ce faire, 

  1. jouez avec le temps de pose et rappelez-vous qu’il doit être long si vous voulez capter le mouvement, et court si vous souhaitez au contraire, le figer ;
  2. accordez l’ouverture du diaphragme avec la vitesse. Ainsi, un temps de pose modéré (1 min, par exemple.) avec une petite ouverture vous permettra de figer la scène de votre choix.

La nuit, une ville offre de nombreux supports : les lumières sont magnifiques et variées, les bâtiments prennent une autre allure, et les reflets nocturnes sur les surfaces vitrées et l’eau sont splendides. J’adore flâner dans les rues et tenter d’en retranscrire l’atmosphère. C’est un régal d’utiliser les éclairages urbains pour créer des ambiances différentes à l’image. Votre capteur va percevoir les températures des lumières, et en faire ressortir les nuances vertes, rouges, jaunes, bleues, etc. Pour aller plus loin, réglez l’exposition et travaillez vos clichés en post-production. 

Fan du bokeh ? Accro à la profondeur de champ ? La photographie nocturne va être votre nouveau terrain de jeu. Favorisez ou floutez le premier plan, amusez-vous avec l’ouverture de votre focale, et donnez de l’ampleur aux scènes que vous capturez. Les résultats seront superbes, et vos images auront beaucoup de cachet. Et si vous n’êtes pas encore à l’aise avec cet effet, lisez mon article sur la photo animalière, je l’explique plus en détail.

La photo de nuit avec flash

Ce n’est pas l’outil le plus utilisé en photographie de nuit, je vous l’accorde. Notamment, parce qu’il casse l’ambiance nocturne qu’on cherche en général à retranscrire. Mais j’avais envie de vous en parler, car, bien préparée, une photo au flash peut être très réussie. Je vous conseille vivement d’avoir un flash indépendant, ou déporté, afin de placer la source lumineuse où vous le souhaitez. Si vous voulez vraiment essayer avec le flash intégré, faites-en sorte de bien en diffuser la lumière. Avec cette méthode, vous pourrez faire de jolis portraits de nuit ou des plans serrés originaux d’objets ou d’éléments décoratifs rencontrés au fil de vos balades.

Quelques astuces pour faire de belles photographies de nuit

Je voulais finir cet article en vous donnant quelques petits trucs de photographe pour réussir vos sorties nocturnes. Rien de très original, mais des conseils utiles :

  • préparez bien vos sorties. Prévoyez votre matériel, les lieux à visiter, et votre heure de départ ;
  • profitez de l’heure bleue. C’est le nom qu’on donne au soir lorsque le soleil est couché, mais que le ciel est encore bleu. Vous aurez l’occasion de faire des photos très esthétiques, plus riches en couleurs et en contrastes que lorsque le ciel est complètement noir. Je vous conseille d’utiliser une application mobile pour être au bon moment, au bon endroit ;
  • prenez vos clichés au format RAW. Une photo de nuit réussie passe par le post-traitement, ce qui n’est possible qu’avec ce format d’image. Vous pourrez notamment travailler la balance des blancs et l’exposition. De toute façon, vous le comprendrez très vite, c’est le format obligatoire dès qu’on se met plus sérieusement à la photo ;
  • je me répète, mais expérimentez, testez et recommencez. C’est le meilleur moyen pour progresser et faire de belles images.

J’espère que ces quelques conseils vous serviront. Je suis sincèrement passionné par mon métier, et si je pouvais vous inspirer, j’en serais ravi. En les mettant en pratique, vous obtiendrez de jolis résultats qui vous pousseront à vous améliorer, si cela vous plaît. La photographie de nuit est une discipline complexe, qui demande de la technique, mais qui, quand on commence à en maîtriser certains aspects, rend particulièrement fier. D’une part, parce qu’on sort de très belles images, d’autre part parce que passer des heures dehors le soir venu n’est pas donné à tout le monde, et que ces longues séances nocturnes auront bel et bien servies à quelque chose. N’hésitez pas à partager vos plus beaux clichés en commentaire, ou à me dire ce que vous préférez photographier la nuit venue. Racontez vos expériences, et posez vos questions, cette rubrique est là pour ça. Et si vous avez un projet à me confier, je suis à votre écoute !

Nicolas.

*On appelle bruit les petits défauts qui peuvent apparaître sur les photos lorsque la qualité se désagrège. Ils se logent en particulier dans les zones sombres et les arrière-plans, comme les petites taches sur un ciel de nuit, par exemple. Ils sont gérables en post-traitement.

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